Ni chaines, ni maitres de Simon Moutaïrou

Le critique est à retrouver en intégralité dans le dernier numéro de Ciné-feuilles

Note : 10/20

« Après cette poignante ouverture réussie, un champ/contre-champ annihile ces belles promesses : le chasseur (ici Madame la Victoire jouée par Camille Cottin) surplombe le chassé (Massamba et sa fille Mati), nous voilà alors figer dans une starification déplorable d’une intrigue passant en un instant d’une introspective quête céleste de transmission à une course-poursuite de seconde zone où d’innombrables scènes d’actions finiront par enterrer son sujet. Et dans ce ventre-mou si péniblement filmé (cette lutte ridicule entre les fils de Madame la Victoire ou encore ce duel Massamba-Victoire sous les stroboscopes mal réglées feintant les éclairs) se noie l’ébauche réflexif de ses débuts. Sortant enfin la tête de cette incandescente torpeur, le film s’anime à sa fin par cette réunion autour d’un feu communiant, des esclaves fuyards se rappellent ensemble, et dans leur langage propre, leurs origines familiales et géographiques, leurs cultes et légendes, faisant enfin acte de communion, et donc de transmission. Voilà donc les racines propre du marronage ayant permis la survie des coutumes africaines à la colonisation culturelle de l’esclavage, un acte héréditaire et héroïque. Mati se confie alors sur sa mère, rappelant son courage, elle qui préfèrera mourir (et sourire) plutôt que de s’asservir, quelques minutes en apesanteur, déconnectées, et que l’on aurait tant aimé s’éterniser. «