Ce qui vous attend en salle : sélection des 4 films marquants du mois
° Le genou d’Ahed de N. Lapid – sortie le 13 avril – 4.5/5
L’un des films majeurs de 2021, et prix du jury à Cannes, sort enfin en Suisse. Déjà ours d’or à Berlin en 2019 avec le superbe « Synonymes », le réalisateur israélien revient cette fois-ci frontalement à son combat quasi militantiste contre la propagande militarisée de son propre pays qu’il a d’ailleurs fui avec sa femme et son enfant. Le genou d’Ahed est un film furieux, virevoltant dans une grâce féroce, installant avec patience sa mise à feu progressive jusqu’à l’apogée d’un monologue d’une puissance totale et rare. Lapid est sur le fil, déstabilise, y compris par sa caméra qui ne cesse de tournoyer, il amène la froideur de la censure sous-titrée et de la propagande du silence jusqu’à la faire exploser, il nous manipule à l’instar son personnage autobiographique (Y., un réalisateur) et finit par détourner définitivement son regard d’une terre qu’il a pourtant tant aimé. L’engagement est total, ce qui le rend indispensable.
° Vortex de G. Noé – sortie le 13 avril – Non vu
On pense à « Amour » de Haneke, plus récemment « The Father » de Zeller, et la violence cruelle de la vieillesse, de cette descente irrémédiable vers une enfance tardive et non désirée, le retour par le poids des années à la perte progressive d’une indépendance tant combattue pendant sa vie adulte. Le film fait suite à une succession d’évènement tragique, un accident cérébral de Gaspard Noé, le confinement et le décès de sa mère et sa confrontation avec la démence gériatrique. Tout ses éléments viennent nourrir un film forcément personnel, et Noéïen dans sa forme froide et minimale.
° Un monde de L. Wandel – sortie le 27 avril – 3/5
Filmé à hauteur d’enfant, le plan toujours serré, floutant le monde extérieur, Laura Wandel joue l’immersion et l’expérimentation pour transmettre le désarroi de l’enfance, la violence des conflits scolaires, et surtout la profonde solitude qu’elle engendre. Le film est parfois à bout de souffle, et l’émotion voulue naturelle est ici maniérée par la mise en scène. Il n’en reste pas moins un geste fort, qui image avec un certain talent la détresse morale principale source de la violence physique.
° Qu’est ce qu’on a tous fait au bon Dieu de P. De Chauveron – Sortie le 6 avril – Non vu
On va encore plus loin dans l’humour gras et raciste, en additionnant cette fois-ci les belles-familles à l’équation dans une fête surprise dans la maison de campagne des parents. Difficile d’espérer quoi que ce soit de cet abatage de mauvais goût, tant le précédent épisode fut déjà irregardable et un festival de malaise et de silence honteux entre chaque vannes. Il serait désespérant de schématiser le cinéma français et sa réelle vitalité dans cette très mauvaise publicité, mais qui devrait – encore, et malheureusement – remplir les salles.