- « The Batman » de Matt Reeves – Sortie le 2 mars – 2/5
Et non, Matt Reeves (« La planète des singes » nouvelle formule) n’est pas David Fincher (le côté thriller énigmatique est ici beta et sans suspens) ni Nolan (la pauvreté analytique sur la vengeance fait mal), les seconds rôles sont mal écrits (hormis la classe inattaquable de Turturro en Falcone, king de la mafia de Gotham. Il reste alors un show certes spectaculaire, mais terriblement long et bruyant, dans une auto-admiration génante, et qui oublie l’essentiel au cinéma : l’incarnation d’une idée directrice – ici bien trop vague, et l’émotion par l’écriture délaissée par la quête de l’image « parfaite ».
- « Belfast » de Kenneth Branagah – Sortie le 2 mars – 2.5/5
Malgré une paresse cinématographique et photographique à faire pâlir Taika Waititi, le seul réel intérêt de Belfast est son sujet, le déracinement de se terre natale, le dureté d’un départ forcé, et la perte d’un monde que l’on a toujours aimé, la sécurité dans l’insécurité, une rue en feu de Belfast paraissant bien plus familière qu’un pavillon anglais et « son petit jardin » rempli de peur de l’inconnu. Et cela résonne d’autant plus fort dans le contexte de migration géopolitique actuel. En reste une fable édulcorée sur un monde qui s’écroule, et dépeint avec trop de tendresse.
- « Ambulance » de Michael Bay – Sortie le 23 mars – Non vu
Lorsque Emmerich s’enfonce dans le nanard débile, Bay lui tente toujours de secouer ses préceptes hollywoodiens pour s’extirper de la mélasse poreuse et dégoulinante des superproductions. Ambulance, c’est un casse qui foire, et une course-poursuite testostéronée à travers LA. Pas encore découvert, l’on peut espérer un ressaut vivifiant pas trop teubé du grand spectacle à la Michael Bay, et sa caméra qui tourniquotte à 360°, son plan signature. Et avec Jake Gyllenhaal dans la danse, ça ne peut pas être si mauvais.
- « Vous ne désirez que moi » de Claire Simon – Sortie le 30 mars – 3.5/5
Comment de la fascination nait la soumission ? Dans une mise en scène aride d’interviews, Claire Simon exploite avec brio les entretiens de Yann Andréa, muse et amant de Marguerite Duras. Le face à face peut-être au départ déroutant, mais la justesse éclatante de Swann Arlaud sonne si juste que l’on boit non pas avec pitié mais avec une tendresse malaisante la soumission de Andréa face à son bourreau, Marguerite Duras, qui surgit au cours des échanges comme un fantôme omnipotent à travers le son strident d’un téléphone. Duras, bien présente à l’écran cette-fois, est intégrée à travers des images d’archive, la mine grave, et le ton autoritaire. S’insère comme pour adoucir la violence des mots de superbes aquarelles de Judith Fraggi, des corps suggérés qui s’enlacent avec une ardeur, elle, silencieuse.