- Si tu veux croire en l’amour impossible entre un prolo macho et une bobo intello
Une métaphore vivante de la Russie : au départ glaçante, alcoolique et agressive, pour devenir tout aussi bourrée mais chaleureuse, honnête et profondément humaine. Voilà ce que filme Kuosmanen dans son compartiment numéro 6 d’un train au fin fond de la Sibérie, et la rencontre improbable entre un ouvrier à l’œil vitreux, et une jeune archéologue brillante. Et ce sont toutes les frontières sociales et culturelles qui s’évanouissent dans une profonde humanité, où l’essentiel est ailleurs, non pas dans le phrasé mais dans le rire, le regard, le touché. Une fabuleuse mise en scène qui rend simple et beau le plus complexe. « Compartiment n°6» de J. Kuosmanen, sortie le 3 novembre
- Si tu veux t’enfoncer dans l’abysse de la beaufitude de la France bigardienne
La France qui vote Zemmour, et qui complote avec Bigard, se retrouvera dans cet énorme dégueuli de vieux réac’ à blagues racistes et humour malaisant. Rien est juste, tout est potache, ringard, et dépasse avec panache les limites déjà abyssales de Clavier et ses blagues religieuses, à faire passer Camping pour du Hong-Sang Soo. Le pire, c’est que cet objet détestable à trouver un distributeur, et qu’il tapera des dizaines de milliers d’entrée. Quand je vous dis que la France va mal. « Les bodin’s en Thaïlande » de F. Forestier, sortie le 17 novembre
- Si tu veux léviter de ton siège et t’enfoncer béat dans une beauté silencieuse
Un bruit qui obsède, qui résonne, et réveille une mémoire enfouie. Il n’y a chez Weerasethakul pas de récit linéaire, mais un travail sensoriel minutieux, introspectif, une contemplation presque magique d’une image sidérante de beauté, où toutes les réflexions s’ouvrent, les interprétations aussi, dans un cinéma qui élève. Que les mots semblent futiles face à une telle expérience, lente et perçante. « Memoria » de A. Weerasethakul sortie le 17 novembre
- Si tu veux te rappeler que l’avortement est un droit fondamental
Malheureusement pas encore découvert, « L’événement » a reçu le Lion d’or à la Mostra de Venise. Après la palme pour Julia Ducournau, le cinéma français continu de s’affirmer à travers des femmes. Il est ici question d’avortement, et de la bataille d’Anne pour y accéder en France dans les années 60. Le thème répond à Lingui de Mahamat-Saleh Haroun, mais lui dans une époque contemporaine au Tchad (le film sortira en décembre). Durant ces heures sombres dans laquelle nous vivons, il est encore indispensable de rappeler que l’avortement est un droit inconditionnel et fondamental. Un film donc forcément essentiel. « L’évènement » de A. Diwan, sortie le 24 novembre
