Camila sortira ce soir – 4/5
Camila débarque à Buenos Aires dans une école de bourgeois, elle s’apprête à vivre l’enfer. Et pourtant, se forme autour d’elle une communauté féministe anti-fasciste qui va dépoussiérer les règles rétrogrades du lycée. Plaisir immense à voir Camila détrôner le consensus, les non-dits, dénoncer les inepties, et offrir un vent de liberté sexuelle salvateur, sous le regard complice d’une mère fière, et privilégiée d’avoir une fille en feu, révoltée et engagée. Le visage fermé à la Gainsbourg de l’effrontée, Camila explose à l’écran et s’empare du film par la force de son regard dénonciateur.
Love Life – 4/5
Fukuda explore les relations humaines par le deuil d’un jeune enfant mort noyé dans son bain. Ce deuil qui drainera avec lui le retour d’un père absent, l’infidélité d’un beau-père, et le parcours d’une mère, éperdument seule dans un désert de reconstruction et d’acceptation. La mise en scène intelligente s’appuie sur un sens du détail (la lumière réfléchissante d’un CD, un jeu de pion, un chat qui s’échappe, une vidéo a double sens), pour suggérer l’émotion plutôt que de l’imposer, offrir une empathie poétique plutôt qu’un jugement obtus. Sans pathos, Fukuda performe par la douceur qu’il fait naitre de la noirceur et de la douleur (et cette superbe scène où la mère abandonnée, se met à danser sous une pluie battante).
La nuit du verre d’eau – 2/5
Comme le RMN de Mungiu, ici un petit village de la campagne libanaise en reflet des dérives societales des années 60, la guerre civile intestine, le mariage forcé, la place des femmes et leur non-choix, les trahisons, et crises identitaires. Malheureusement, trop légers, sans grande conviction, et un film qui s’égrène dans une forme d’indifférence dommageable. Et puis cette histoire du beau français éduqué (Medecin) qui va à la rescousse de la pauvre libanaise perdue, à la limite d’un message pro-colonial très étrange.
Stars at Noon – 1/5
Claire Denis se vautre dans une quête du cool, de l’atmosphère 70´s à outrance, on fait jouer un frère Safdie hyper branché, Tindersticks pour se la raconter, et une anti-héroïne exaspérante qui se la joue indépendante, mais qui suis religieusement l’anglais en costume blanc cassé. Un Pacifiction sous Lexomyl qui ne dit pas grand chose, une amourette prétentieuse et coloniale qui irrite, et confirme bien que le palmarès cannois de 2022 est pas loin d’être le plus raté de l’histoire.
Passages – 3.5/5
C’est un homme persuadé d’aimer, un homme puis une femme, mais qui finalement n’aime pas grand monde à part lui même, narcisse imbuvable, artiste prétendu génial, qui ne fait s’utiliser les autres pour nourrir sa solitude et son aigreur. Le trio est très fort, Rogowski et sa cloison nasale déviée, sa diction si particulière est immense, porte un film qui joue de sa fausse simplicité pour parler des nouvelles normes amoureuses qui souvent se fracassent face aux anciennes. Un désir d’ouverture et de liberté qui ne peut s’accomplir sur un terrain pourri par la jalousie et l’indifférence.
Polaris – 4/5
Il y a le travail du cadre, élégant, gracieux, superbe caméra qui s’entre-mêle avec brio dans cette double destinée croisée de deux sœurs éperdument seules, l’une dans le Sud élevant son enfant seul, l’autre capitaine de bateau dans les mers agitées d’Islande. Et le poids d’un passé douloureux (un père inconnu, une mère toxicomane qui les a abandonné), et cette sensation de malédiction drainée par cette absence de figure maternelle. Docu formellement superbe, et d’un espoir relatif sur la difficulté à aimer sans l’avoir été.
Whaou ! – 3/5
Plutôt pas mal ce #Wahou! Drôle mais inégal, comme ses acteurs, maladroits et touchants. Et ce hors-champ cruel sur la vieillesse, la précarité, le deuil, la jeunesse normée. Farandole de personnages souvent justes, parfois à côté, et d’un charme désuet.
Asteroid City – 5/5
Indiscutablement l’un des plus beaux films de l’année, droit dans les yeux de la famille Tenenbaum, Wes is back avec un film qui touche par son infinie poésie, son œil sur le deuil, sa capacité à brouiller les pistes entre l’avant et l’arrière du rideau, un rythme enfin qui prend son temps de (re) lire les relations parents-enfants, de renouer avec le personnel et non le mécanique, avec en moment de grâce, deux face à face sublimes : Schartzman face à Scarlet Johansson puis Margot Robbie. Somptueux. 5/5