Festival de Cannes 2023 : nos attentes

Cet article est à retrouver sur le site du Bonbon Nuit, lieu premier de sa publication.

Le gueuleton cinéphile de l’année est de retour, et avec lui son lot de promesses (un film surprise présenté par Tarantino à la quinzaine des cinéastes), scandales (le film de Catherine Corsini « Le retour », et des plaintes pour harcèlement sexuel sur le plateau de tournage), de surprises (la der des der de Godard avec un court-métrage de 20 minutes), et d’agacement (Ruben Östlund en président du jury). Mais toujours, une excitation intacte de se prendre 1 an de ciné en 10 jours. Comme chaque année, l’équipe du Bonbon défilera sur la croisette – et rarement en smoking, pour vous faire vivre quotidiennement le festival en chroniques écrites et vidéos. En attendant le coup d’envoi mardi 16 mai prochain (avec en maitresse de cérémonie Chiara Mastroianni), retour sur les sélections par un top 5 de nos plus grosses attentes.

  1. Rapito (L’enlèvement) de Marco Bellocchio (En compétition)

A l’origine de la plus belle série de l’année (« Esterno Notte », disponible sur Arte), et récemment du saisissant « Le Traitre », présenté également à Cannes en 2019, le roi du cinéma italien est de retour, et les premières images d’un trailer déjà disponibles sont vertigineuses de beauté. Tiré d’une histoire vraie, « Rapito » parle d’un jeune garçon de 7 ans enlevé de sa famille par l’église catholique en 1858, pour une éduction stricte dans une Rome papale remise en question par l’opinion publique. Cela s’annonce brutal, et surtout majestueux dans sa forme. Et qui sait, Bellocchio pouvant devenir l’heureux successeur de la dernière Palme d’or italienne, c’était en 2001 avec « La chambre du fils » de Nani Moretti, lui aussi en compétition cette année avec « Vers un avenir radieux ».  

  • Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese (Hors-compétition)

7 ans depuis le dernier film projeté en salle de Martin Scorsese (et le très sous-estimé « Silence »), entre-temps, il y a eu son « Irishman » sur Netflix, film fleuve galvaudé par la plate-forme. Même s’il sera par la suite disponible sur Apple plus, il sera bien en salle le 18 octobre en France. Et un duel monstrueux se profile entre Léonardo DiCaprio et Robert De Niro, dans cette enquête du début des années 20 qui parlera d’expropriations des terres amérindiennes pour une question de pétrole retrouvée dans leurs terres natives. 3h26 d’un très long plaisir, on l’imagine et espère.

  • The Zone of Interest de Jonathan Glazer (En compétition)

Il est attendu au tournant. Après le merveilleux « Under the Skin », film à mi-chemin entre la science-fiction et l’horreur avec une Scarlett Johansson en extra-terrestre qui pénétrait les corps des victimes, puis deux court-métrages passés inaperçus, Glazer signe son grand retour avec « The Zone of Interest ». Peu d’images, mystère total, on sait le film tourné à Auschwitz et parlant d’une histoire d’amour dans le camp de la mort. Pas grand-chose d’autre, ce qui entretient un voile d’excitation immense.

  • Occupied City de Steve McQueen (Séances spéciales)

Par son parcours atypique de cinéaste passant d’abord par l’art contemporain et l’expérimental, McQueen s’est désormais installé comme une figure exquise du cinéma britannique, on se rappelle avec malaise son regard sur la dépendance sexuelle (« Shame »), avec émotion sur l’esclavagisme (« 12 years a slave »), avec passion sur le féminisme (« Les veuves »). Son dernier film « Occupied City » tiré d’un ouvrage de Bianca Stigter racontera des histoires personnelles et intimes du quotidien du Amsterdam occupé lors de la Seconde guerre mondiale. Excitation totale d’en découvrir la forme et le propos, dans un  long-métrage qui tirera pas loin des 4 heures.

  • Conann de Bertrand Mandico (Quinzaine des cinéastes)

Figure de proue du cinéma underground français, Mandico est sorti de sa tanière expérimentale foisonnante d’idées organiques, et de bricolage old-school avec le fabuleux « After Blue » sortie l’année dernière, un film qui a acté la faisabilité de son cinéma sur du long (malgré la première réussite relative des « Garçons sauvages » en 2018). Il débarque à la Quinzaine côtoyer Michel Gondry (qui présentera son nouveau film avec Pierre Niney « Le livre des solutions ») avec sa « Conann », figure féministe de Connan le Barbare dans une épopée lyrique entre cauchemar vaporeux et réalité venimeuse. Ça s’annonce fou.

On aurait aussi pu citer les pontes cannois en sélection officielle (Wim Wenders, Ken Loach, Ari Kaurismaki, Kore-Eda), la nouvelle perle à la jaunisse de Wes Anderson (« Asteroid City »), un film de Alex Lutz en clôture d’un Certain Regard (« Une Nuit »), Indiana Jones 5 ou encore le western en court-métrage de Pedro Almodovar. Et tant d’autres.

« Festival de Cannes 2023 » à suivre du mardi 16 mai au samedi 27 mai